vendredi 10 décembre 2010
Rosa candida - Audur Ava Ólafsdóttir
Cela doit faire une bonne semaine que j’ai terminé ce livre et je n’arrive toujours pas très bien à « évaluer » ce que j’en pense. De prime abord, je serais plutôt mitigée, surtout à cause de la candeur du texte (tant dans le ton que dans les propos). Et pourtant, dès qu’il s’agit d’expliciter un peu ou de raconter l’histoire, seules des images positives me viennent en tête… Je vais donc essayer de démêler tout ça !
Au tout début du roman, Arnljótur, 21 ans, et qui ne connaît du monde que son Islande natale, se prépare à quitter le foyer familial et à laisser derrière lui son père âgé et son frère jumeau autiste, Joseph, qui vit dans un foyer depuis le décès de leur mère. De cette femme énergique et bien plus jeune que son mari, Arnljótur a hérité la passion des fleurs, plus particulièrement des roses. Dans leur serre, tous deux les cultivaient avec soin, notamment la variété rarissime de Rosa candida à huit pétales.
C'est dans cette même serre qu'un soir il a rapidement mis enceinte Anna, l'amie d'un ami. Il laisse donc aussi derrière lui la petite Flóra Sól et Anna qu’il connaît en fait à peine. Il ne s’agit pas de l’homme qui abandonnerait lâchement sa famille ; mais plutôt d’un jeune garçon très innocent qui assume son rôle et aide financièrement, mais ne réalise pas très bien la réalité de cette enfant…
Car l’amour de la nature et l’envie de découvrir d’innombrables variétés de roses le conduisent malgré tout à partir sur le continent, avec pour but un vieux monastère riche d’une magnifique roseraie quasiment à l’abandon.
Sur sa longue route, le jeune homme ne rencontre que des personnages éminemment généreux, partageant avec lui la même naïveté, la même simplicité. Après un parcours qu’on pourrait qualifier d’initiatique, il arrive dans le petit village isolé que surplombe le monastère. Là, il s’installe rapidement dans une douce monotonie : la journée, il redonne vie à ce magnifique jardin oublié et, le soir, après un dîner savoureux à l’auberge, il regarde un film avec le très cinéphile frère Thomas.
Mais cette routine est perturbée quand débarquent Anna et Flóra Sól. Car Anna a besoin d’aide pour se consacrer à la rédaction de son mémoire. Arnljótur gère au mieux cette nouvelle situation et découvre jour après jour sa fille, le bonheur de sa paternité, la joie de cuisiner pour les deux femmes… Et étrangement, peu à peu, se construit une étrange et improbable vie de famille.
De jolies rencontres, des personnages intéressants, une histoire très poétique et curieusement sereine. Mais l’état de perpétuelle découverte du héros et son indéfectible candeur m’ont lassée, et même exaspérée. Au final, un charmant roman d’apprentissage : et, là où j’ai vu de la naïveté, certains ne verront certainement que douceur…
Rosa candida, Audur Ava Ólafsdóttir (Zulma, 336 pages, 2009)
Traduit de l'islandais par Catherine Eyjólfsson
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