samedi 19 février 2011
Le jour avant le bonheur - Erri De Luca
J’ai parfois entendu Erri De Luca en interview, et l’homme est passionnant : pour son parcours personnel d’abord (son engagement politique dès les années 70 et tout ce que cela a pu impliquer), mais aussi pour la richesse de ses réflexions. Qui plus est, en toute objectivité, son écriture est très belle, et considérablement enrichie par l’insertion d’expressions en dialecte – ce qui me fait d’ailleurs regretter de ne pas l’avoir lu en v.o.
Si on ajoute à cela mon goût de l'Italie et des critiques dithyrambiques, j’ai entamé Le jour avant le bonheur avec une réelle envie et la quasi-certitude que j’allais aimer !
Malheureusement, je me suis ennuyée dans ce roman initiatique, richement nourri des propres souvenirs de l’auteur.
L’histoire de ce jeune orphelin qui parcourt les années de son adolescence a pourtant tout pour [me] plaire. Entretenu par une mère adoptive fantôme, c’est en réalité le concierge de son ancien immeuble, don Gaetano, qui s’occupe de lui. L’homme est un véritable personnage : il a beaucoup voyagé, sait presque tout réparer, bat tout le monde à la scopa (jeu de cartes italien), et lit même dans les pensées !
Notre narrateur apprend constamment auprès de cet improbable protecteur. Le jeune garçon partage son temps entre les livres – généreusement prêtés par un vieux libraire humaniste –, les parties de foot ou de scopa, et les longues discussions avec don Gaetano. Celui-ci lui raconte la Libération de Naples et les années qui suivirent, lui enseigne comment effectuer de menus travaux, initie sa sexualité en l’envoyant chez une veuve de l’immeuble, et finit même par lui révéler ses origines …
Pendant toute son adolescence, le héros est hanté par le souvenir d’une jolie jeune fille de l’immeuble entraperçue, enfant, quelques instants. Quand elle revient dans le quartier, il lui est malheureusement tout acquis. Là encore, c’est don Gaetano qui saura lui apprendre « les choses de la vie ».
Les personnages secondaires – le richard joueur invétéré, la veuve qui veut garder bonne figure, etc. – sont savoureux. On regrette qu’ils ne soient pas plus étoffés : ils nous auraient ainsi offert une formidable galerie de portraits, plus vivante que ne l’est Le jour avant le bonheur au final.
Car c’est là qu’est certainement le problème pour la lectrice que je suis : je suis capable d’apprécier la « lenteur » d’un texte, mais encore faut-il qu’elle corresponde au contenu du récit. Ici, l’écriture ne me semble pas rendre justice à la vie débordante du héros, à la violence de certains faits et à la vitalité exceptionnelle de la ville-même. Et d’un tel roman – de la jeunesse, de Naples –, j’attendais d’être emportée…
Le jour avant le bonheur, Erri de Luca (Gallimard, 144 pages, 2010)
Traduit de l’italien par Danièle Valin
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