mardi 1 février 2011

La Trilogie berlinoise - Philip Kerr


Les éditions du Masque ont eu la bonne idée de reprendre dans ce gros volume les trois premiers épisodes de la série policière de Philip Kerr, dont le héros, Bernie Gunther, est un ancien membre de la Kripo (Kriminalpolizei, police criminelle), devenu détective privé. J'ai ainsi pu découvrir, comme beaucoup d'autres lecteurs, ces trois romans publiés à la fin des années quatre-vingts.

Le premier, L’été de cristal, se déroule en 1936 : alors que se préparent les Jeux olympiques de Berlin, et que tout est mis en œuvre pour rendre Berlin « présentable » aux puissances mondiales. Cet épisode et le suivant, La pâle figure qui se situe en 1938, mettent notamment en scène la montée en puissance des SS, les luttes de pouvoir au sein des instances dirigeantes, l’installation du nazisme, et bien entendu la course à la guerre. On imagine comme cet univers du IIIe Reich est glaçant pour le lecteur : les propos tenus par certains peronnages, les rencontres de Bernie avec Goering et Heydrich…
Philip Kerr est extrêmement bien documenté : la reconstitution historique est minutieuse, tant pour les habitudes allemandes de l’époque, la géographie de Berlin des années quarante, que pour les rapports entre hiérarques du national-socialisme.

Le troisième opus, un Requiem allemand, débute en 1947 dans Berlin ravagé par la guerre et divisé en secteurs d’occupation. C’est une ville et un héros radicalement différents auquel nous avons à faire : Berlin est en ruines, en proie au marché noir et à la prostitution ; les populations sont soumises aux privations et aux exactions de certains soldats. Les forces en présence, principalement Russes et Américains, bataillent pour la domination de la ville et Bernie se trouve pris dans de sombres histoires d’espionnages.
Enfin, la dénazification du pays suscite bien des remous : les identités valsent, les faux certificats (de « non-nazisme ») s’échangent à prix d’or – les plus impliqués s’en sortant souvent…
Ce roman, bien plus sombre que les précédents, les complète admirablement : tel un terrible avant/après.

Je n’ai évoqué ici que les aspects historiques car, vous l’aurez compris, cette Trilogie berlinoise vaut avant tout pour ses qualités quasi-documentaires. en ce sens, les enquêtes de Bernie, bien menées quoique parfois tirées par les cheveux, semblent être plus un moyen qu’une fin en soi. Néanmoins, les amateurs de polars y trouveront leur compte, je pense.
Une lecture addictive qui m’a donné envie de me plonger dans les épisodes suivants…


L'Été de cristal (1989), La Pâle Figure (1990), Un requiem allemand (1991)
Réunis dans La Trilogie berlinoise, Philip Kerr (Le Masque, 838 pages, 2008 / Livre de Poche, 1024 pages, 2010)
Traduit de l'anglais (Écosse) par Gilles Berton (traduction entièrement révisée)

3 commentaires:

  1. Grand souvenir que la découverte de cette trilogie!
    Si j'avais le temps , je la relirais mais grâce à ton blog, je vais plutôt découvrir des auteurs inconnus de moi!

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  2. J'espère que les découvertes seront bonnes :)

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