mardi 2 novembre 2010

La Théorie des cordes - José Carlos Somoza


La quatrième de couverture m’a plusieurs fois fait reposer La Théorie des cordes : la « fine fleur de la physique mondiale isolée sur un atoll de l’océan Indien » ne m’attirait pas du tout… Mais on me l'avait conseillé avec tant d'enthousiasme que j’ai fini par me lancer…

Au centre du roman, la brillantissime et très belle Elisa Robledo, professeur de physique théorique dans une petite université de Madrid, un parcours professionnel loin d'être à la hauteur de ses capacités exceptionnelles. Enterrée dans ce poste obscur, toujours seule, elle mène une vie d’une terrifiante monotonie et un terrible poids semble peser sur ses épaules. Mais cet ennui latent vole en éclat quand Elisa tombe sur un article qui la terrifie.

Elle se remémore alors les événements incroyables survenus dix ans auparavant, en 2006, alors que jeune étudiante suivant le séminaire du professeur Blanes, elle avait été recrutée pour intégrer son équipe d’élite et travailler sur la fameuse « théorie des cordes » qui permettrait d’« ouvrir le temps ». L’idée ? Il est impossible de voyager dans le temps mais, grâce à la « théorie du Séquoia », on pourrait obtenir des images du passé. Procédé encore bancal, et surtout dont on ne mesure pas « l’Impact », le choc psychologique à court et moyen terme – et ses conséquences – encouru par celui qui visionne de telles images aberrantes : la crucifixion du Christ pour ne citer qu’un exemple.
Un terrible drame, sur lequel se lève lentement le voile, force les financiers de ces improbables expériences à interrompre le programme. L’équipe est dispersée et chacun de ses membres doit s’engager à ne jamais contacter l’un des autres participants.

Ce qu’a appris Elisa par le journal, c’est la mort douteuse de l’un d’eux. Rapidement, pour briser la spirale qui les supprime un à un, elle s’efforce de souvenir de tout, même du plus enfoui, pour comprendre ce qui s’est réellement produit sur cette île perdue, et comprendre aussi les rêves étranges qui la torturent depuis… Aidée de Victor Lopera, son collègue et ancien condisciple à l’université, elle se lance dès lors dans une incroyable enquête, nous révélant lentement ce qu’il s’est passé il y a dix ans.

Surtout, ne pas s’effrayer devant l’aspect scientifique du roman : certes, les développements à ce sujet son parfois denses, mais l’écriture de José Carlos Somoza les rend tout à fait compréhensibles.
Quelques petits regrets néanmoins : des personnages souvent caricaturaux (on attend davantage de cet auteur ancien psychanalyste) ; et un « tic » stylistique horripilant, l'usage de « cliffhangers » pour clore certains paragraphes et insister lourdement sur le suspense - tendance à l’insistance qui se retrouve parfois dans une écriture légèrement trop appuyée, comme recherchant l'effet. On oublie toutefois assez rapidement ces bémols.

Au final, un thriller scientifique aux tendances quasi paranormales très prenant et efficace. Et une belle réflexion sur les limites de la science et de la toute-puissance de l'homme.


La Théorie des cordes, José Carlos Somoza (Actes Sud, 430 pages, 2007 / Babel, 768 pages, 2008)
Traduit de l'espagnol (Cuba) par Marianne Millon


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