samedi 27 août 2011

Mauvais genre - Naomi Alderman


James vit dans une belle villa au fond de la campagne italienne avec Mark – ami, amant, proche, employeur, on ne sait trop… Sur ce point, Mauvais genre s’ouvre sur une scène énigmatique, mettant en évidence la lassitude de James quant à leur style de vie, aux fêtes débridées, aux jeunes éphèbes qui se succèdent et autres humiliations. Lassitude qui lui fait, comme souvent, se remémorer sa jeunesse, sa rencontre avec Mark, le lien étrange qui les unit depuis : et ici, démarre véritablement le roman.

Issu d’un milieu populaire, James Stieff entame avec fierté ses études à Oxford. Il est rapidement confronté au pendant inévitable de l’élitisme : lui, si brillant dans son lycée moyen, se retrouve à la traîne et peine à se maintenir au niveau minimum exigé. D’autant qu’une blessure au genou vient le déstabiliser dès le premier semestre. Sans véritables amis et ne pouvant même plus pratiquer son exutoire favori, le footing, il se noie progressivement dans ses difficultés scolaires. Difficultés que ses parents attribuent sans hésiter au manque de travail et sanctionnent financièrement en lui coupant les vivres.
Assez solitaire, James finit par se lier avec Jessica et sa surprenante bande d’amis, Franny, Simon et Mark, le meneur. Ce dernier, un riche héritier fantasque et déconnecté de la réalité, propose rapidement à tout ce petit monde d’emménager dans son immense propriété quasi vide. Une étrange communauté se met alors en place, évidemment financée, mais aussi inspirée et impulsée, par Mark.

James et Jess s’installent rapidement dans une relation, assez dénuée de passion et même un peu molle. James en est l’élément le plus accroché ; et pourtant, un lien étrange se noue avec Mark – fascination discrète, dépendance financière, attirance pour l’homosexualité sans complexe de Mark, connivence quand la mère de ce dernier débarque… ?

Mauvais genre est bien entendu un roman d'apprentissage : premiers échecs, relations amoureuses, soirées étudiantes, discussions exaltées, examens bâclés ou potassés pendant des nuits, etc.
À maints égards, il m’a fait penser au formidable premier roman de Donna Tartt, Le Maître des illusions, en bien mois glauque, mais aussi moins réussi selon moi. En effet, Mauvais genre souffre de plusieurs défauts : le récit démarre lentement, s’enlise souvent, se concentre trop sur James.

Si sa lecture n’est pas indispensable, elle n’en est pas moins agréable et intéressante car Naomi Alderman évoque avec finesse un monde si souvent cité à titre d’exemple et en dépeint les faux-semblants, les aspects troubles et les contreparties douloureuses…


Mauvais genre, Naomi Alderman (L’Olivier, 384 pages, 2011)
Traduit de l’anglais par Hélène Papot

6 commentaires:

  1. Merci pour cette intéressante critique. J'étais attirée par ce roman, mais je m'en vais prospecter après ce livre de Donna Tartt auquel vous le comparez. Peut-être me laisserai-je tenter de préférence par celui-là...

    RépondreSupprimer
  2. "Le Maître des illusions" se passe également dans une université prestigieuse, américaine cette fois. J'en garde un très bon souvenir: un livre puissant, très sombre (basculant même dans le roman noir à part entière) mais dépeignant à merveille la manipulation, l'influence de certains.
    Pour une peinture plus contemporaine, voir le passionnant (mais parfois un peu lent) "Moi, Charlotte Simmons" de Tom Wolfe...

    RépondreSupprimer
  3. "Moi, Charlotte Simmons", je l'ai lu à sa parution... J'ai trouvé cette fiction assez décevante, par certains aspects... J'ai le souvenir d'un patois fuck monstrueusement gonflant, notamment ! Merci pour les précisions relatives au "Maitre des illusions". Bonne soirée.

    RépondreSupprimer
  4. Ce n'est pas faux... Mais ça avait l'air assez représentatif de cet univers étudiant!
    J'espère que vous ne serez pas déçue par "Le Maître des illusions" si vous vous y plongez.

    RépondreSupprimer
  5. "Le maître des illusions" était en effet excellent. "Mauvais genre" m'a mois marquée dans sa partie Oxford, mais par contre j'ai été très touchée par la suite des destins des héros.

    RépondreSupprimer
  6. En fait, je crois bien que j'aurais dû relire "Le maître des illusions" et faire un post sur celui-ci!

    RépondreSupprimer