jeudi 17 novembre 2011

Un été sans les hommes - Siri Hustvedt


Les deux précédents romans de Siri Hustvedt, Élégie pour un Américain et Tout ce que j’aimais, m’ont enthousiasmé – mais sans me convaincre totalement. Elle y fait parler des hommes ; c’est probablement pourquoi je n’ai pu m’empêcher de chercher les éléments d’autofiction dans cet Un été sans les hommes emmené par une narratrice. Je le précise car mes impressions de lecture n’y sont pas étrangères. Même si, on le sait, là n’est pas l’important.

Mia, poétesse new-yorkaise dans la cinquantaine, disjoncte littéralement quand elle apprend que son mari Boris, neuroscientifique réputé, entretient une liaison avec une jeune française – ce qui a son importance car la caricature de la femme légère ne nous est pas épargnée.
Après un bref séjour à l’hôpital psychiatrique, qui l'effraie plus qu'il ne la calme, Mia part se réfugier dans son Minnesota natal. Elle y loue une petite maison, non loin du centre pour personnes âgées où vit sa mère, octogénaire, entourée de ses pétillantes et vieillissantes amies. Pour occuper cet été de « retraite », elle entreprend de donner des cours d’écriture – suivi par six jeunes adolescentes.

Certes quelques stéréotypes, on l’a déjà mentionné, et un indéniable – et exaspérant – côté Madame-je-sais-tout qui a tellement pris de hauteur, de recul, par rapport à son frétillant et volage mari. Sinon, comme l’indique le titre, une histoire de femmes (et de filles) d’âges et de « niveaux » de maturité différents : les préadolescentes influençables, si cruelles sans le comprendre, parfois insupportables mais aussi très attendrissantes ; la jeune fille devenant femme qu’incarne Daisy, la fille comédienne de Mia et Boris, venue rendre visite à sa mère ; la trentenaire, Lola, voisine estivale de Mia, qui s’ennuie seule avec ses enfants ; Mia elle-même, la femme mûre qui fait un point sur sa vie ; et tout un panel de femmes âgées qui souvent (re)découvrent la liberté à ce stade de leur existence… L’enfance aussi avec les enfants de Lola ; et la mort rôdant autour de ces drôles de vieilles dames, qui en ont fait une sorte de compagne pour vivre avec joie leurs dernières années.
Ce sont d’ailleurs les personnages les plus savoureux : je vous laisse découvrir les ouvrages au crochet de l’une d’entre elles…

À travers ces portraits lucides, la narratrice dépeint avec finesse les différents stades de la vie d’une femme. Dommage qu’elle traite un peu trop d’elle-même : les aspects autocentrés sont lassants voire irritants, les quelques dessins sans aucun intérêt…
Un été sans les hommes aurait gagné à davantage s’appesantir sur la galaxie de femmes qui entoure Mia, et moins sur cette dernière, mais le roman reste très plaisant et offre une vision intelligente et perspicace de la gent féminine…
Je ne connais que partiellement l’œuvre de Siri Hustvedt, mais je conseillerais davantage Tout ce que j’aimais pour la découvrir.


Un été sans les hommes, Siri Hustvedt (Actes Sud, 220 pages, 2011)
Traduit de l’anglais (États-Unis) par Christine Le Bœuf


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