samedi 8 octobre 2011

Allmen et les libellules - Martin Suter


Comme le montrent certains de mes posts (Small world, Un ami parfait, Le cuisinier), les romans de Martin Suter sont une de mes marottes littéraires. J’ai donc ouvert avec bonheur son dernier opus, paru au printemps, Allmen et les libellules. C’est un court récit assez différent des précédents : la quatrième de couverture nous apprend en effet qu’Allmen et les libellules est pensé comme le début d’une série mettant en scène un duo d’enquêteurs. Après Poirot/Hastings, Holmes/Watson, voici donc Johann Friedrich von Allmen – sir John – et Carlos…

Tel un écho désargenté du Dernier des Weynfeldt, autre héros de Suter, sir John est un véritable gentleman. Issu d’une famille fortunée, il a toujours été très dispendieux, n’a bien entendu jamais travaillé pour cela, et entend bien maintenir son train de vie – ce, malgré la fonte de son patrimoine. Il accumule les ardoises, qu’on lui permet pour son passif, s’en sort par des pirouettes : il vend discrètement ses possessions les moins visibles, même sa somptueuse villa dont il a négocié l’usufruit, sous-loue sa seconde place à l’opéra, etc. Mais cela ne suffit pas et il se met à dérober des pièces de collection chez ses connaissances ou rencontres d’un soir.
Malheureusement, il vole la mauvaise personne : le richissime père de Jojo, femme à la beauté fanée avec qui il vient de passer la nuit. Et surtout, le mauvais objet, une sublime coupe art déco, ornée de libellules, disparue du marché il y a des années… Sir John se retrouve alors impliqué dans une histoire qui le dépasse, plus dangereuse que prévue mais aussi bien plus rentable. Il s’improvise tel un étrange Arsène Lupin, cambrioleur mais aussi enquêteur et maître-chanteur, accompagné pour cela par Carlos, son très fidèle majordome guatémaltèque, bien plus malin que son maître en de nombreuses occasions. Leurs échanges, tantôt en espagnol basique, tantôt par des gestes ou attitudes expressives, font toute la saveur du roman. Les deux hommes sont très attachés malgré la formalité de leurs rapports – ce qui explique l’évolution de leur « partenariat ».

Péripéties et ruses diverses se succèdent dans un style respectueux du genre : un peu suranné, cocasse mais raffiné (en un mot, très british)… L’intrigue ne compte pas véritablement – elle est d’ailleurs assez embrouillée, reconnaissons-le –, le charme d’Allmen et les libellules est dans l’atmosphère, le rythme, le style toujours aussi délié et précis, l’humour…

Une très agréable friandise pour les amateurs du genre et/ou de l’auteur. En attendant le deuxième pour juger la série Allmen/Carlos, pour découvrir Martin Suter je conseillerais plutôt Small world ou Le diable de Milan.


Allmen et les libellules, Martin Suter (Christian Bourgois, 168 pages, 2011)
Traduit de l’allemand (Suisse) par Olivier Mannoni

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